Lignes de survie

Droits dans leurs bottes, ils suivent le sillon rectiligne qu’ils se sont tracé : cultiver la terre pour nourrir le monde. Ils s’appellent Jacky, Karine, David ou Jean-Marie.  Ils sont maraîchers, céréaliers, viticul-teurs ou éleveurs. Ils sont nés les mains dans la terre et n’ont jamais pu les retirer. Dans le coeur de leurs paumes noircies par des années de métier, une ligne de vie dessine le même destin : ne jamais renoncer. Ne pas se démonter face à une météo tyrannique, ne pas abandonner devant des normes en hausse et des aides en baisse, ne pas se laisser entraîner dans la spirale des abandons.  Ils ne cessent de déplacer leurs frontières intérieures pour aller au-delà de leur zone de confort. Tenir bon, rester droit comme un i. Celui de l’idéologie, de l’identité, de l’immuable, de l’impuissance ?

Ils s’appellent Jacky, Karine, David ou Jean-Marie et ils tiennent bon.  Par quel miracle ? La passion ? Le devoir ? La transmission ? Quelle ligne les conduit à rester ce qu’ils sont aujourd’hui ?

Enquête et confessions entre les rangs d’oignons et les quais de traite.

Texte : Hélène Binet