Loin des yeux
Pendant 80 ans, le régime soviétique a en effet toujours été soucieux de donner à voir une société forte, harmonieuse et productive et n’a donc jamais souhaité la visibilité de ces humains « imparfaits » , de ces « monstres » . Les familles ont longtemps été forcées d’abandonner ces enfants pour les confier à l’État, censé être mieux placé pour s’en occuper. Loin du regard de la société, des centaines de milliers d’enfants ont donc été placés dans des internats, qui se sont avérés être de véritable mouroirs. Et la société russe toute entière d’intégrer l’idée qu’aucune vie digne de ce nom n’était possible pour ces enfants.
Aujourd’hui, malgré de réelles améliorations matérielles et une baisse du nombre d’abandons de ces enfants grâce au combat de militants, la situation des internats reste préoccupante et continue de violer par biens des aspects la convention des droits de l’enfant. De plus, si dans la loi actuelle, il n’existe plus d’enfant « inéducable » , cette éducation relève encore trop souvent d’un véritable parcours du combattant, auquel l’État se montre peu sensible.
Heureusement, de belles lueurs d’espoir pointent dans cet épais brouillard, en particulier la volonté de tous ces parents qui ont décidé de garder leur enfant, de croire en lui et de se battre pour lui offrir le meilleur avenir possible.
Texte: Gwenaëlle Boulet
Reportage réalisé avec le soutien du BICE