Le silence des morts

Très tôt j’ai été confronté à la mort. J’avais à peine deux ans lorsque j’ai vu mon grand frère mourir sous mes yeux. J’ai grandi et me suis construit avec cette idée de menace permanente. Une sorte d’épée de Damoclès. Un danger planant sur moi susceptible de se manifester à tout moment, m’empêchant ainsi de vivre pleinement. Même si les souvenirs ne sont plus là, mon cœur en a gardé tous ces tremblements.

Cette série est donc née de mes obsessions et blessures, de ce qui parle à mon corps et que mes émotions reconnaissent. Tous ces moments ordinaires et fragiles, toute cette vie en mouvement, avec la beauté de ses ombres. Tous ces instants suspendus au vertige de ma lucidité comme pour pallier cette absence définitive. J’ai tenté d’ouvrir les portes de cette injustice silencieuse. Affronter ma mémoire pour ne plus subir et ne pas avoir peur du bonheur. Être présent et vivre, à mon tour.
T.L.

Derrière le portillon clos par une chainette le jardin
Transmis son art de voler l’oiseau se dissout au sol
La voix émise en gorge
Le corps ému sa voix dans la gorge
La chair de l’arbre nourrit la terre
L’arbuste y pousse
Fleurs d’ombre et de lumière épanouies sur nous et semées autour
Les pensées virevoltent dans le vent
Les bras brassent l’air qui ont emporté l’oiseau
Le monde est-il blanc, ou noir?
H.B.